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Lettres à un jeune poète - Rainer Maria Rilke

Dernière mise à jour : 8 juin

Amélie Nothomb n'aurait pas été tout à fait la même écrivaine si, comme elle l'a évoqué lors de sa Masterclass sur France Culture, elle n'avait pas lu ce livre fondamental ; que l'on soit aspirant écrivain ou non. Il pose comme simple postulat : "quoi que vous fassiez, que ce soit une question de vie ou de mort."





Car c'est bien de ça dont il s'agit au fil des échanges épistolaires entre Rainer Maria Rilke, écrivain et poète autrichien et Franz Xaver Kappus, un jeune élève officier en école militaire. Ce dernier ouvre cette correspondance après avoir appris que Rilke est passé lui aussi par cette école quelques années auparavant. Le poète, qui n'a pas poursuivit la carrière militaire faute d'aptitude physique, s'est rapidement tourné vers le journalisme puis la poésie. Kappus y voit un signe, lui qui s'engage sur une voix de carrière et qui au fond se rêve poète.


Récemment, les lettres de Kappus sont de nouveau parues dans une nouvelle édition, nous pouvons donc découvrir sa dernière lettre restée sans réponse et qui conclue le dialogue comme elle aurait pu l'ouvrir : "Et maintenant que je veux tout rattraper, je ne sais par où commencer."

On devine l'urgence, la frustration dans les lettres de Kappus. Les affres dont souffre le "jeune poète" sont palpables dans chaque réponse de Rikle : quelle voie/x choisir ? Comment assumer le choix du cœur au risque qu'il vous fasse le plus souffrir ? L'illustre poète s'attarde donc à lui faire davantage comprendre l'importance de passer du stade de l'enfant à l'adulte (Kappus n'a pas vingt ans au début de sa correspondance) comme première étape à un épanouissement personnel ; ce lâcher prise avec le regard des autres, la rupture avec le jugement des parents ou le conformisme de la société. Autant de conseils bienveillants, à l'opposé des premières attentes de Kappus : recevoir la critique du maître sur ses textes.


La correspondance devient donc un manifeste au "Vouloir Ecrire" comme l'a écrit Roland Barthes. C'est une invitation à une introspection faite à Kappus comme au lecteur : qu'acceptons-nous de nous-même ?


Sondez la raison qui vous commande d'écrire ; examinez si elle étend ses racines dans les tréfonds de votre cœur et consultez votre conscience : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire ?

Rikle délivre donc un message universel que tout adulte au sortir de l'adolescence devrait lire. Il conclue de son côté, en parlant de l'art, qu'il vaut mieux rester en marge, bien ancré dans le monde réel plutôt que de chercher à s'en approcher par un chemin de traverse. Il prend comme exemple la presse (lui qui a commencé dans le journalisme sait de quoi il parle), la critique ou la littérature qui, "faisant croire qu'elles touchent à l'art de près, en nient pratiquement l'existence [...]". En d'autres termes, Rikle préfère savoir Kappus engager dans une carrière militaire tout en continuant de souffrir de ne pas écrire plutôt que penser s'en approcher par une voix moins noble.


Mais quand donc devons-nous plonger corps et âme dans ce qui nous anime – ce qui nous commande d'écrire, de chanter, de peindre, de voyager, de photographier ou toute autre passion dévorante qui retourne nos entrailles ?


Kappus le dit lui-même : "Dès que je me serai tout entier rassemblé [...]"



Crédit photo : édition bilingue de Poésie | Gallimard traduit et présenté par Marc B. de Launay.


Vous souhaitez acheter ce roman chez un libraire et soutenir les commerçants de ma commune : acheter ce livre et retrouver l'édition avec les lettres de Kappus : voir la nouvelle édition.

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